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Rennes : Julien Beaudoin, de héros antifa à violeur déchu et banni de la Défense Collective
Chronique d’une déchéance. L’Observatoire vous propose de revenir sur une affaire de viols qui a secoué le milieu antifa rennais durant le printemps. Une grosse tête est devenue persona non grata et le principal groupe des antifas autonomes locaux a échappé de peu à l'auto-dissolution.
UN HÉROS ANTIFASCISTE CÉLÉBRÉ PAR LES SIENS...
Né en juin 1985, Julien Beaudoin fait désormais partie de la vieille garde. Expérimenté, chevronné, respecté, cet antifa quarantenaire a été porté au pinacle de l’antifascisme rennais en 2022, lorsqu’il a, avec d’autres camarades, agressé un militant nationaliste sur le campus de Rennes 2.
Le 18 octobre 2022, la faculté de Rennes 2, déjà mobilisée contre la réforme des retraites, est le théâtre d’une énième Assemblée générale (AG) organisée par les antifas. Certains étudiants, cependant, travaillent et se détendent entre deux cours. Au milieu d’eux, un groupe d’une quinzaine d’antifas de la Défense Collective (Def Co), un groupuscule implanté à Rennes 2 dont la dissolution a été annulée par le Conseil d’État, rôde dans la faculté. Tout à coup, l’un d’eux repère un visage qui lui est familier. Julien Beaudoin reconnaît le militant nationaliste qu'il s'apprête à laisser pour mort :
« C’est toi qui étais au meeting de Bardella, connard ? »
L’antifa a au moins la décence d’attendre la réponse, qui est positive. La cible de la meute est alors immédiatement mise au sol et lynchée par le groupe. Julien Beaudoin est assoiffé de sang : le tribunal correctionnel relève qu’il a asséné une dizaine de coups de poing dans le crâne de sa proie, des coups de coude et des coups de pied. Les chaussures de la victime sont dérobées et font office de trophée pour ceux qui ont attaqué à quinze contre un, dont l’un était par ailleurs armé d’une béquille.
Un article de L’Incorrect revient en détail sur cette agression ainsi que sur le procès, qui s’est déroulé le 24 novembre 2022. Julien Beaudoin a été le seul à être identifié par l’enquête de police, quand bien même des caméras de vidéosurveillance ont été exploitées dans le métro et sur le campus. L’antifa a été placé en détention provisoire en attente de son procès et, bien qu’il ait été condamné à huit mois de prison ferme et que le sursis lié à sa précédente condamnation ait été révoqué, à l’issue du procès, il est ressorti... libre.
Les antifas rennais s’étaient fortement mobilisés pour le soutenir au tribunal. La Défense Collective, quant à elle, s’était fortement impliquée pour aider son militant, notamment en inventant un narratif bondé de mensonges et en ouvrant une cagnotte :
Le soir même, une grande fête antifasciste avait lieu place Sainte-Anne pour célébrer la remise en liberté de l’agresseur. Julien Beaudoin était devenu un héros antifa pour toute la ville de Rennes et même au-delà.
En 2022, Julien Beaudoin a 37 ans. Célibataire, sans enfant, en « projet d’emploi en qualité de vendeur en itinérance » (il est donc chômeur), il est un récidiviste car il a déjà été condamné à quatre reprises. Qu'importe, il a acquis une solide réputation dans le milieu antifa.
... ACCUSÉ DE VIOL ET INDÉSIRABLE
En 2025, Julien Beaudoin a désormais 40 ans. Pour lui, c’est le début de la déchéance. À la fin du mois d’avril, un conflit que la Défense Collective se serait bien gardée d’ébruiter a finalement atteint la sphère publique. Julien Beaudoin, le roi Julien, celui qui était adulé il y a encore peu, a été tout bonnement viré de la Def Co le 25 avril. En effet, celui-ci est accusé publiquement par son ancien groupe d’avoir perpétré de « multiples VSS », c’est-à-dire des « violences sexistes et sexuelles ».
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Julien Beaudoin, probablement rancunier et choqué de perdre son statut, rejetant les méthodes staliniennes de ses anciens camarades, sûrement en désaccord avec les accusations dont il fait l’objet, a alors décidé de se rebeller en confisquant les réseaux sociaux de la Def Co. La guerre est déclarée. Pour se venger, les antifas improvisent des collages dans les rues, dans les bars ou encore sur les abribus pour mettre en garde le vaste milieu de la gauche rennaise : « Pour votre sécurité et celle de vos proches, si vous voyez ce VIOLEUR, chassez-le de vos milieux. » Julien Beaudoin est publiquement désigné comme un violeur.
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Son nom n’est certes pas écrit, mais sa photo figure sur l’affiche. L’intéressé tentera à plusieurs reprises d’arracher les affiches ou de masquer son visage à coups de bombes de peinture. L’entreprise, impossible à réaliser de façon exhaustive, a dû le convaincre de mettre fin au bras de fer et d’obtempérer. C’est ainsi qu’il est possible d’imaginer qu’en échange de la fin des collages, Julien Beaudoin a accepté de restituer les différents comptes de la Def Co sur les réseaux sociaux. La chronologie est cohérente étant donné que les premiers collages ont émergé autour du 17 mai, tandis que la Def Co a officiellement récupéré ses canaux le 28 mai.
Selon les rumeurs, à cette période, Julien Beaudoin, qui n’est plus célébré pour ses violences contre les militants patriotes, doit désormais sortir dans les rues de sa ville avec un masque chirurgical. Il est honni, banni, « cancel ». Il n’existe plus.
LA DÉFENSE COLLECTIVE, UN REPÈRE DE VIOLEURS ?
Les accusations de viols et autres violences sexuelles sont loin de concerner uniquement la personne de Julien Beaudoin au sein de la Défense Collective. Dans un message publié sur sa boucle Signal, la Def Co évoque plusieurs affaires : « La Défense Collective a été mise au courant de plusieurs affaires de violences sexistes et sexuelles commises par certains de ses membres ».
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Le 28 mai, un communiqué publié par la Def Co sur ses différents réseaux sociaux (après que le groupe a récupéré ses différents comptes) affirme qu’un membre aurait commis des « violences sexistes et sexuelles sur des dizaines de femmes proches de la DC ». Il pourrait s’agir de Julien Beaudoin, mais il est impossible de le savoir étant donné que ce groupe est en réalité rempli d’hommes coupables de violences sexuelles : le communiqué indique en effet que « au cours des derniers mois et tout particulièrement en décembre 2024 nous avons eu connaissance des Violences sexistes et sexuelles (VSS) commises par trois membres de la DC depuis plusieurs années (puis un quatrième en février 2025) ».
Un membre aurait été exclu en janvier 2025, tandis que les autres n’auraient été que suspendus ! Toutes ces déclarations visant à sauver l’honneur de la Défense Collective laissent perplexes. Au travers de toutes ces affaires, la Def Co tente de conserver une grille de lecture d’extrême gauche en invoquant des « rapports de pouvoir au sein du groupe, dont se sont servis certains membres pour commettre des VSS en son sein ». La réponse à ces agressions sexuelles vise à instaurer un « espace non-mixte » ainsi qu’une organisation « plus horizontale » : à la Défense Collective, les hommes ne peuvent plus côtoyer les femmes et il n’y a plus de hiérarchie ! Ce serait le prix à payer pour éviter d’autres violences sexuelles.
Comment un groupuscule, assez confidentiel par nature, a pu ne pas être au courant que certains de leurs membres, qui plus est membres du noyau dur, commettaient des violences sexuelles ? Comment ont-elles pu perdurer autant de temps ? Ou bien une sombre perversité règne au sein de cette organisation, ou bien leur idéologie d’extrême gauche est devenue tellement folle que n’importe quelle parole peut désormais se transformer en « VSS », ce qui pourrait expliquer les multiples affaires. Dans tous les cas, cette crise n’est pas seulement celle de la Défense Collective, c’est aussi celle de l’extrême gauche. Car un mouvement sain, soudé et organisé n’a normalement pas à traiter ce genre de questions, du moins pas à une échelle aussi grande.
La Défense Collective, indéniablement, évolue sur ces questions, car il y a quelques années, elle protégeait ses violeurs. Dans un communiqué d’Alliance Rebelle et du FSE datant de novembre 2019, Raphaël Gruel, militant de la Défense Collective, était accusé « d’avoir commis une agression avec coups et blessures dans un cadre sexuel. » Selon ces deux organisations, malgré les accusations graves, « cette décision de le laisser militer » par Défense Collective, « comme si rien ne s’était passé est non seulement dangereuse pour les femmes mais participe aussi de l’impunité de l’agresseur et de la minimisation des actes. » Pire encore, une vingtaine de militants de la Défense Collective avaient menacé une réunion afin d’intimider les participants qui évoquaient le cas de Raphaël Gruel. Alliance Rebelle et FSE dénonçaient surtout une « omerta organisée par Défense Collective. » Comme quoi à la Def Co, ils se défendaient effectivement collectivement, quoi qu'il arrive. Raphaël Gruel a d’ailleurs été jugé au début de l’année 2025 pour avoir agressé devant la faculté de droit, avec d’autres antifas, deux étudiants affiliés au Rassemblement national. L'Observatoire dévoilait alors qu'après neuf ans à Rennes 2, M. Gruel était encore en deuxième année d'Arts Plastiques.
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Ainsi, au moins quatre membres sont accusés de violences sexuelles, cinq en comptant Gruel et six si l'affaire Beaudoin intervient après février 2025. Seuls deux antifas ont pourtant été exclus selon les dires de la Def Co elle-même.
Face à ce fléau de viols, d’agressions sexuelles ou de « sexisme » au sein de la Def Co, le groupuscule a même été dans l’obligation de suspendre ses activités et de revoir son organisation interne. L’éviction de Julien Beaudoin, un cadre important au sein de la structure, a assurément ébranlé l’édifice. En tout cas, depuis le 28 mai, la Def Co se fait bien silencieuse.
CONCLUSION
Cette affaire et, au-delà de celle-ci, le groupuscule Défense Collective, illustrent parfaitement l’ambiguïté qu’entretiennent les milieux d’extrême gauche avec les violences sexuelles, qui sont bien plus nombreuses que dans le reste du spectre politique. Ce sujet est également une grande source de division au sein de l’extrême gauche, qui est minée par les cas qui s’accumulent toujours plus, comme L’Observatoire l’a démontré dans un dossier dédié.
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