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Des affrontements contre les antifas autonomes à l'alliance avec la Jeune Garde, histoire des nombreuses turpitudes de la relation entre antifas et LFI

12/12/2025

Cette enquête est extraite du numéro 105 de la revue Liberté Politique, que pouvez commander la revue en cliquant ici.

INTRODUCTION

« Modifier les slogans ne signifie rien. C'est nous-mêmes que nous devons changer », écrivait Antonio Gramsci. Le théoricien communiste ignorait que Jean-Luc Mélenchon lui succéderait et que l’ancien sénateur du Parti socialiste appliquerait cette citation à la lettre, en changeant ses slogans et surtout, en changeant lui-même. Pour démontrer que le chef de La France insoumise a évolué idéologiquement, il est possible d’étudier de nombreuses thématiques, à l’instar de la laïcité, de l’Islam ou encore des questions géopolitiques. Plus originalement, cette évolution idéologique se constate aisément en analysant les relations du chef insoumis avec la mouvance antifasciste.

Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise (LFI) sont aujourd’hui indéfectiblement liés aux antifas. Ils manifestent avec, ils contre-manifestent avec, ils les soutiennent et ils les accueillent dans leurs rangs. Pourtant, cette étroite collaboration entre l’extrême gauche institutionnelle et ceux qui ont pour principal objectif de lutter contre le « fascisme » n’est pas naturelle et les relations entre les deux entités n’ont pas toujours été cordiales.

De l’attaque de la manifestation de Mélenchon en 2017 par des antifas au soutien de LFI à la Jeune Garde contre sa dissolution, plongez dans les méandres des liaisons dangereuses entre les insoumis et les antifas.

LES ANTIFAS AUTONOMES CONTRE MÉLENCHON (2017)

La France insoumise a été créée en février 2016, quelques semaines avant le début de la mobilisation contre la loi Travail. Le mouvement visait à préparer la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en mobilisant une base populaire et transpartisane. À l’époque, Mélenchon adopte une posture de populiste de gauche, assez éloignée de son communautarisme actuel. Sa posture est radicale mais au fond, La France insoumise n’est rien d’autre qu’un parti social-démocrate qui prône la réforme en jouant le jeu des institutions et des élections.

En parallèle, la mobilisation contre la loi Travail, qui est massive et durable (plusieurs mois de l’année 2016), voit émerger dans de nombreuses villes des black blocs composés de militants autonomes qui, dans une démarche révolutionnaire, à la fois anticapitaliste et antifasciste, adoptent une posture de méfiance et d’émancipation à l’égard des partis et des syndicats, tout en prônant l’action directe. Contre la loi Travail, la mouvance autonome s’organise avec de nouvelles méthodes (le cortège de tête), dans de nouveaux lieux (des squats par exemple) et sans jamais se préoccuper de la légalité de ses actes ni de leurs répercussions médiatiques et donc électorales.

Ces militants d’extrême gauche développent tout au long de la mobilisation une nouvelle pratique, celle du cortège de tête. Le black bloc prend désormais l’initiative de la manifestation en prenant la tête de celle-ci, en refusant d’une part l’itinéraire imposé par la préfecture tout autant que la durée légale de la manifestation autorisée d’autre part. Plus encore, ces antifas matérialisent leur action offensive en caillassant les policiers et en détruisant les vitrines des commerces, loin de la stratégie passive et pacifique des syndicats et des partis institutionnels, qui reposent leurs espoirs sur la grève et le dialogue social. L’incarnation de cette antifascisme autonome, révolutionnaire et ultraviolent s’incarne dans l’affaire du quai de Valmy. En mai 2016, Antonin Bernanos et d’autres militants de l’Action antifasciste Paris-Banlieue ont ainsi attaqué une voiture de police qui était bloquée dans le trafic parisien au niveau du quai de Valmy. Le véhicule avait été incendié et le conducteur, obligé de sortir, avait été frappé.

Le cortège de tête mené par les autonomes a également provoqué de nombreuses altercations et même des bagarres avec les services d’ordre des syndicats, en premier lieu avec celui de la CGT. Celle-ci n’appréciait pas de ne plus avoir la mainmise sur les manifestations, de même que la stratégie du chaos n’était pas la sienne, étant donné que de nombreux manifestants se plaignaient de se faire gazer alors qu’ils n’avaient pour ambition que de faire griller des saucisses au milieu de cortège, tradition du barbecue syndical oblige.

En septembre 2017, un nouveau mouvement social se mobilise pour s’opposer à ce qui est appelé la loi Travail 2 ou encore les ordonnances Macron. Quelques mois après l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, qui a obtenu 19,5% des voix, est le nouvel homme fort de la gauche. Il veut transformer l’essai et mettre la main sur le mouvement social, en organisant une grande démonstration de force chapeautée par la France insoumise tout en mobilisant les autres organisations de gauche. Deux jours avant l’événement, le Mouvement inter-luttes indépendant (MILI), qui coordonne les autonomes au sein du black bloc, appelait à former un « cortège de tête » pour « Montrer que c’est [eux] les vrais insoumis » et pour « proposer une perspective plus désirable à tous les insoumis de circonstance, à tous ceux-elles qui se retrouvent derrière Mélenchon par défaut ». Les autonomes sont alors encore puissants et n’entendent pas laisser la main à la gauche institutionnelle qui a trahi tellement de fois les aspirations révolutionnaires des libertaires qui désormais n’hésitent plus à lutter contre la gauche autant que contre l’État ou l’extrême droite.

Le cortège révolutionnaire, composé d’autonomes, d’antifas de l’AFA PB et de membres du MILI, a donc tenté de dicter sa loi durant la manifestation organisée par Jean-Luc Mélenchon, ce qui a causé des frictions. Emmené par une banderole « Mélenchon est un soumis », le black bloc a défilé sans causer trop de dégâts, mais c’est à l’arrivée place de la République que la situation s’est envenimée. Le black bloc, tout en scandant des slogans anticapitalistes et antifascistes, a tenté d’envahir la scène qui devait accueillir le discours de Mélenchon quelques minutes plus tard. Finalement, quelques projectiles ont fusé en plus de quelques barrières et le bloc décida d’en rester là. Mélenchon était toutefois remis à sa place, celle du réformiste qu’il est, de l’ancien sénateur du Parti socialiste qui veut capitaliser sur les électeurs de gauche en adoptant une posture faussement révolutionnaire. Car in fine, aux yeux des autonomes, Mélenchon ne fera rien d’autre que se soumettre au jeu électoral de la démocratie bourgeoise et ne pourra que trahir s’il triomphe.

À la faveur de la mise en sommeil du mouvement social et de l’essor de nouvelles organisations antifascistes, de nouveaux liens vont naître entre antifas et insoumis.

LFI, PARTI ÉLECTORALISTE AUX PRATIQUES STALINIENNES

Après l’élection présidentielle de 2017, LFI se transforme en parti politique et le rêve du grand mouvement citoyen, populaire et démocratique s’effondre. Si le parti demeure électoraliste, il adopte une posture de plus en plus révolutionnaire et surtout, c’est son fonctionnement qui change profondément, en s’inspirant de pratiques tout bonnement staliniennes.

Très vite, au sein de LFI, les tirages au sort qui devaient entretenir la flamme de la démocratie directe sont littéralement truqués au profit des lieutenants de Mélenchon ; le culte du chef s’impose, il est donc impératif de lui obéir au doigt et à l’œil, de ne pas le contredire, sous peine de devenir un traître et d’être chassé, comme l’ont pu l’être Garrido, Corbière, Autain ou Simonnet et tant d’autres qui sont moins connus ; le cadre démocratique s’efface au profit d’un fonctionnement informel, sans règlement, qui proscrit le vote et valorise les discussions sur Telegram plutôt que les réunions officielles, au détriment du débat, de la libre discussion et de l’esprit de contradiction qui devrait pourtant faire grandir le parti grâce à une émulation féconde ; le CRP, le comité de respect des principes, est instauré et, tel le tribunal révolutionnaire, il vise à juger et sanctionner les militants LFI qui fautent ou qui ne restent pas dans le droit chemin, sans pour autant garantir un procès équitable ; enfin, soutenir un dissident, même sur un point marginal, expose à devenir soi-même un paria.

Tous ces faits sont largement documentés dans La Meute, un ouvrage écrit par les journalistes de gauche Charlotte Belaïch et Olivier Pérou qui ont enquêté sur LFI durant deux ans et amassé plus de deux-cents témoignages. L’ouvrage démontre que LFI est un parti qui ne renie pas la violence, contre ses membres déviants et contre ses ennemis extérieurs. Les menaces sont quotidiennes, tandis que les personnes excommuniées sont ensuite traquées et harcelées. Les critiques ne sont pas acceptées. Danielle Simonet avait osé dénoncer des « dysfonctionnements pouvant relever de l’abus de pouvoir, du non-respect des instances et même de maltraitance interne » : Sophia Chikirou avait ensuite employé la force contre elle, verbale et physique, pour l’empêcher de parler.

En 2017, l’ancien député écologiste Sergio Coronado s’oppose ouvertement à la violence et Adrien Quatennens, évincé pour avoir violenté sa femme, lui répond « Quoi, t’aimes pas la baston ? ». Durant la campagne présidentielle de 2022, Mélenchon semble imprégné du discours antifa. Devant de jeunes insoumis, il dit : « Moi, à votre place, à votre âge, les fachos j’irais les cogner, les chercher manu-militari ». LFI surfe donc plus ou moins ouvertement avec la violence politique depuis plusieurs années, ce phénomène étant amplifié par l’enracinement d’un fonctionnement informel au sein de LFI. LFI avait donc toutes les raisons de se rapprocher des antifas, lesquels n’étaient plus un boulet mais au contraire une troupe à ingérer et à utiliser pour contrôler le mouvement social et renforcer le parti.

Toutefois, Mélenchon n’a jamais été lui-même antifa et n’a jamais été très à l’aise avec l’usage de la violence, au point de s’être débiné à plusieurs reprises au cours de sa carrière militante. Cela ne l’empêche pas d’être un adepte des menaces, comme il l’a fait en 2014 envers Ian Brossat (PCF) en vue des élections municipales : « T'as pas intérêt à nous lâcher, sinon on te retrouvera jusqu'à chez toi ».

LFI en interne, c’est le règne du mensonge, de la coterie, de l’intimidation. Naturellement, Mélenchon ne pouvait que s’entendre avec des antifas violents dont le but était de se rapprocher de partis de gauche. La Jeune Garde est pour lui un cadeau du ciel.

Maudin Malin a réalisé une recension très complète de l'ouvrage :

L’ANTIFASCISME UNITAIRE DE LA JEUNE GARDE MAIN DANS LA MAIN AVEC LFI (2019-2023)

En 2018, à Lyon, naît la Jeune Garde. C’est un mouvement antifasciste qui a pour objectif de prendre le contre-pied des mouvements antifascistes autonomes. Les autonomes, qui représentent la grande majorité des antifas en France, sont organisés de façon affinitaire, ils ne se préoccupent pas des partis et des syndicats qui se compromettent en jouant le jeu du système, et ils se réfugient dans la sous-culture antifa, faite de codes vestimentaires et musicaux inaccessibles aux non-initiés. Les antifas autonomes développent donc un fonctionnement groupusculaire, il est très difficile de les rejoindre et ils n’ont pas vocation à se massifier. De nombreux groupes autonomes se conçoivent donc avant comme une bande de copains qui fait de la politique en ne respectant pas les lois.

La Jeune Garde elle, a d’autres ambitions. Promotrice d’un antifascisme dit « unitaire », le mouvement représenté par Raphaël Arnault souhaite démocratiser l’antifascisme au sein de la gauche en nouant des alliances avec les partis, les syndicats et les associations que la Jeune Garde considère comme faisant partie de son « camp social », sans prendre en considération leur approche, qu’elle soit révolutionnaire ou réformiste. Concrètement, plutôt que de reléguer l’antifascisme à un petit cortège de tête, cagoulé et hostile, la Jeune Garde se donne pour mission de sensibiliser tous les militants d’extrême gauche à la lutte antifasciste, car si tout le monde n’est pas militant antifa à gauche, toutes les structures se revendiquent antifascistes. Cette pratique est similaire à l’antifascisme des années 1930, qui était intimement lié aux partis et aux syndicats.

Contrairement aux autonomes également, la Jeune Garde délaisse largement le combat contre l’État et le capitalisme pour se focaliser sur la lutte contre l’extrême droite et le RN. Si les autonomes combattent l’État, lequel participerait à la « fascisation » de la société, la Jeune Garde préfère s’appuyer sur les autorités pour exiger des dissolutions et les inciter à réagir contre l’extrême droite.

En réalité, la Jeune Garde, récemment dissoute, était un mouvement bipolaire qui ne savait jamais sur quel pied danser. D’un côté, la Jeune Garde visait à déradicaliser l’antifascisme par le biais de figures publiques et de porte-paroles ambassadeurs d’un antifascisme à visage découvert. En parallèle, ses militants fomentaient les guet-apens, maquillés en « autodéfense populaire », les plus violents contre des personnes isolées. Initialement, la Jeune Garde affirmait son désir de déghettoïser l’antifascisme en abandonnant sa sous-culture vestimentaire et musicale, or les militants de la Jeune Garde n’ont jamais renié le style casual introduit dans la mouvance antifa par l’Action Antifasciste Paris-Banlieue, Raphaël Arnault le premier. Enfin, ses militants ne cessent de prendre la pose pour revendiquer une action violente, toujours en étant cagoulés et habillés en noir, dans une démarche souvent jugée « virilistes » qui trahit les vrais objectifs de la Jeune Garde.

Le fonctionnement interne de la Jeune Garde ressemble peu ou prou à celui de LFI : loin de l’horizontalité des autonomes, la Jeune Garde impose des règles, une hiérarchie, une discipline. Raphaël Arnault et deux ou trois autres caporaux, tels Cem Yoldas et Safak Sagdik, prennent les décisions pour toute la France. La parole des militants est très contrôlée : dans l’ouvrage Une Vie de lutte plutôt qu’une minute de silence (2023) de Sébastien Bourdon, une ancienne militante de la Jeune Garde explique que « C’était impossible de participer à l’écriture de textes ou à des discussions politiques pour proposer des idées de mobilisation. Je ne me sentais pas écoutée. » Les critiques sont donc les mêmes qu’à l’encontre de LFI. Comme LFI qui est détestée par toute la gauche ou presque, la Jeune Garde est détestée par tout le reste du milieu antifa ou presque. Les deux organisations étaient donc faites pour s’entendre. L’antifascisme « belle gueule » de la Jeune Garde s’est fourvoyé dans l’ultraviolence, comme la révolution citoyenne de Mélenchon s’est noyé dans la dictature du parti. C’est ainsi que le mariage a pu se faire entre LFI et les antifas.

Au-delà de la radicalisation de LFI et de l’essor de l’antifascisme unitaire porté par la Jeune Garde, le milieu autonome, réfractaire au compromis avec la gauche institutionnelle, a perdu en puissance de frappe depuis les Gilets Jaunes. Ce double mouvement contradictoire et simultané a pu convaincre des antifas autonomes de se rapprocher de LFI qui, bien que restant un parti réformiste, porte un discours de rupture, d’autant plus que LFI incarne le seul espoir de victoire à gauche. Si LFI est plus éloignée des antifas autonomes, ou plutôt si les antifas autonomes sont plus éloignés de LFI, cela ne les empêche pas non plus d’entretenir quelques liens : en novembre 2019, le député LFI Danièle Obono a participé à un rassemblement de soutien à Daniele Bombace, un membre de l'AFA P-B de nationalité italienne visé par une OQTF. En juin 2020, des militants d’extrême droite ont attaqué le Saint-Sauveur, le bar des antifas parisiens. Le lendemain, le propriétaire, Julien Terzics, issu de la mouvance redskin et qui a fait office de parrain de l’AFA P-B à sa création, prend la pose avec le député LFI Éric Coquerel, venu le soutenir. Enfin, plus récemment, le député LFI Louis Boyard a pris un malin plaisir à se faire photographier avec des militants de l’AFA P-B en compagnie du drapeau « Paris Antifa ».

Louis Boyard, heureux de poser avec Paris Antifa.

Avec la Jeune Garde, les liens sont bien plus forts. Ils se développent surtout après la période COVID, aux alentours de 2021, puis ils sont officialisés en juin 2023 quand Mélenchon, Bompard et Delogu participent au camp d’été de la Jeune Garde, tandis que la Jeune Garde se rend au camp d’été de LFI. En octobre 2023, quelques mois après avoir pris un coup de pression par des jeunes de banlieue durant les émeutes pour Nahel, le député LFI Carlos Martens Bilongo s’est réjoui de sa participation à un entraînement de boxe avec les antifas de la Jeune Garde. Le rapprochement entre les deux mouvements est rapide, radical et irréversible. Il est imposé à la base de la Jeune Garde dont une partie montre quelques réticences, et c’est surtout Raphaël Arnault qui profite de ces nouvelles relations, qui s’accompagnent de nouveaux privilèges.

Désormais, LFI et Jeune Garde manifestent ensemble et apposent leur logo côte à côte dans les visuels. En 2022, durant la campagne présidentielle, la Jeune Garde faisait le sale boulot pour LFI en traquant les militants de Reconquête!, laissant ainsi le terrain libre pour la propagande mélenchoniste.

Bien souvent, les militants insoumis ne sont pas en première ligne dans les violences, ils ne s’immiscent pas au sein d’un black bloc munis d’une cagoule et d’un marteau, ils ne participent pas à des guet-apens avec la Jeune Garde. En revanche, ils excusent, justifient et légitiment les violences menées par l’extrême gauche extraparlementaire, qu’elles soient contre la police ou contre leurs opposants politiques. Plus encore, LFI cherche à capter certains militants d’extrême gauche afin de les mettre dans sa poche, pour renforcer le parti mais aussi pour mieux les contrôler. L’entente avec la Jeune Garde bénéficie à tout le monde : à LFI, qui dispose d’un service d’ordre et d’une force de frappe dans la rue, tandis que la Jeune Garde accède au terrain médiatique et sécurise des places d’élus ou de salariés, à l’image de Raphaël Arnault. L’antifascisme prospère donc directement au sein de LFI désormais.

Lors des élections législatives 2024, Raphaël Arnault est investi par LFI au sein du NFP et parachuté dans la première circonscription du Vaucluse. Durant sa campagne, de nombreux scandales éclatent, à l’image de la fuite de sa fiche S ou de son casier judiciaire dans lequel figure une condamnation pour violences en réunion. Malgré cela, le porte-parole de la Jeune Garde est soutenu par LFI, vaille que vaille. Il finit par triompher, ce qui achève l’engloutissement de la Jeune Garde par LFI.

Raphaël Archenault, dit Arnault, débarque donc au Palais Bourbon avec trois assistants parlementaires, dont Jacques-Élie Favrot, antifa de la Jeune Garde Lyon qui n’est pas une figure publique mais qui résume à lui seul ce qu’est la réalité du groupuscule dans les coulisses. En 2024, à la gare Lyon-Perrache, Jacques-Elie Favrot était présent lors de l’agression d’un homme par la Jeune Garde et il a porté des coups à la victime. Lorsqu’il étudiait à Saint-Étienne, Jacques-Élie Favrot a également fait l’objet d’une plainte à son encontre car il insultait, bousculait et menaçait de mort les étudiants qui ne partageaient pas ses idées politiques. Toutes ces violences n’indisposent pas LFI, dont les cadres, qui sont bien incapables de les reproduire, doivent secrètement se réjouir avec ardeur.

À l’annonce de la dissolution de la Jeune Garde, les cadres insoumis se sont mobilisés à grands coups de tweets pour dénoncer la répression de ce groupuscule antifa responsable de plusieurs dizaines d’agressions. Au-delà du virtuel, LFI a mouillé le maillot pour soutenir ses camarades, notamment en participant à de nombreux meetings de soutien, Mélenchon le premier.

Mélenchon soutient la Jeune Garde, 6 mai 2025.

LE PARACHÈVEMENT DE L’ALLIANCE ENTRE LFI ET LES ANTIFAS : LE RÉSEAU INSOUMIS ANTIFASCISTE (2024-2025)

Le Réseau soumis antifasciste (RIA) une est structure officiellement lancée par LFI en février 2025. Encore peu développé, le RIA vise pour les militants insoumis à combattre l’extrême droite plus frontalement, autrement que par le biais d’interventions médiatiques. À la tête de ce réseau se trouve Allan Brunon, qui précise que le RIA « a pour but de mettre en mouvement les insoumis dans la lutte contre l’extrême droite » afin de « mettre hors d’état de nuire les nervis qui dans ce pays voudraient diviser le peuple français ». Il s’agit donc d’établir une véritable organisation antifasciste au sein de LFI.

Allan Brunon n’a pas été choisi par hasard par les cadres insoumis. Cet antifa membre de LFI et candidat à la mairie de Grenoble est l’ancien assistant parlementaire du député LFI Gabriel Amard et proche de la Jeune Garde Lyon. Il médiatise son antifascisme et est un habitué des mobilisations contre l’extrême droite où, à l’image de la Jeune Garde, il réclame que les autorités agissent pour fermer les locaux des militants nationalistes à Lyon notamment. Par ailleurs, il a également participé au sabotage de l’hommage à Philippine à Vienne (38) en septembre 2024 et est un habitué des menaces : le 1er juillet 2025, il n’a pas hésité à tweeter « Stéphane Ravier est une petite frappe raciste. Notre devoir : saboter partout ses initiatives. »

Le RIA fonctionne d’une manière plutôt décentralisée, avec des sections locales plus ou moins autonomes, étant donné que certaines actions ne sont pas revendiquées au nom du RIA et cachées aux cadres de LFI, selon la ville. Mais LFI, toujours dans un prisme stalinien, tente de le structurer nationalement pour garder la main. Localement, deux co-animateurs sont à la tête d’une section, ce qui explique certaines disparités au niveau de la ligne, tantôt plus offensive, tantôt moins radicale. Le RIA est déjà présent dans de nombreuses villes, à l’image de Rennes, Bordeaux, Montpellier ou encore à Lyon. L’idée pour LFI est de nouer des liens avec les antifas au travers de ce RIA, qui fait office de porte d’entrée mais toujours avec un prisme antifasciste. C’est ainsi que des antifas ont rejoint le RIA, tandis que de nombreux membres de la Jeune Garde étaient liés au RIA dans la région lyonnaise. Ces liens permettent aux militants de différentes organisations de communiquer, de se coordonner et de participer à des actions communes. C’est ainsi qu’en mai 2025, à l’occasion de la venue des militantes du Collectif Némésis à Bordeaux, les antifas de différentes structures ont agi ensemble pour tenter de perturber l’événement. In fine, le RIA permet à des antifas de rejoindre LFI.

Les liens entre antifas et militants insoumis se sont récemment resserrés à l’occasion des différents déplacements de Raphaël Arnault en France. Lorsque le député antifa organise une réunion publique, il emmène souvent dans ses valises des militants de la Jeune Garde. Par exemple, à l’occasion d’une soirée débat organisée à Bordeaux le 14 mars 2025, des militants insoumis et des militants de la Jeune Garde ont intégré le service d’ordre, permettant ainsi aux militants d’établir des liens. Pour la Jeune Garde, c’est également l’occasion de repérer les bons éléments chez les insoumis et de les recruter. À Nancy, le 14 novembre 2024, un meeting de LFI en compagnie de Raphaël Arnault s’est déroulé au sein de la faculté de lettres. À cette occasion, des individus cagoulés et accompagnés d’un malinois assuraient le service d’ordre, comme le signalait L’Est Républicain.

À Montpellier, pendant un temps, la Jeune Garde assurait le service d’ordre : Livia Jampy, cadre LFI locale, peut en attester. Elle-même est proche de la Jeune Garde, son ordinateur orné d’autocollants de la Jeune Garde peut en attester. Désormais, à Montpellier, LFI s’est doté de son propre service d’ordre et n’a plus besoin de recourir à la Jeune Garde, qui de toute manière est officiellement dissoute.

Le RIA à Echirolles (38).

Selon nos informations, un rapprochement officiel devait être opéré entre le RIA et la Jeune Garde. Néanmoins, à cause de la dissolution de la Jeune Garde, ce projet n’a jamais pu voir le jour. Dès lors, il n’est pas impossible que de nombreux antifas s’investissent davantage dans cette structure insoumise, qui pourrait prendre le relais de la Jeune Garde.

Il n’en demeure pas moins que le terme « antifasciste » est désormais clairement revendiqué par LFI, qui se conçoit comme un parti antifasciste, lequel pourrait se renforcer en tant que tel à la faveur de la dissolution de la Jeune Garde.

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