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Contre l'hommage du « Comité du 9 mai », les antifas entre violence, impuissance et querelles intestines
10 mai 2025, Paris. Plus de quatre-cents lignes défilent derrière le drapeau à croix celtique qui claque au vent. Les manifestants sont ordonnés et déterminés. Ils scandent le même slogan continuellement et font silence quand l’ordre leur en est donné. Ils sont environ mille six-cents, ils n’ont rien cassé et n’ont frappé personne, comme ils le font depuis plus de trente ans. Pourtant, cette manifestation a provoqué un tapage médiatique national et a fait parler jusqu’à l’Assemblée nationale. Il s’agit du Comité du 9 mai (C9M), un hommage rendu par les nationalistes-révolutionnaires à Sébastien Deyzieu, un militant de l’Œuvre française décédé en 1994 après une course-poursuite avec la police.
Comment cette manifestation, pourtant de taille modeste, peut-elle provoquer autant de remous en France ? Comme souvent, la réponse est à chercher du côté de l’extrême gauche. Les militants antifas, en dénonçant et en s’opposant à cette manifestation d’extrême droite, contribuent à sa notoriété. Car les antifas ont voulu s’opposer à cet hommage par tous les moyens – calomnies, provocations, insultes, menaces, manifestation illégale, violence, etc. Cette année, ils l’avaient martelé : ils ne voulaient pas laisser défiler leurs ennemis politiques.
L’Observatoire revient sur cette manifestation en se focalisant sur l’action des antifas, ce qu’aucun autre média n’a fait. Pour ce faire, L’Observatoire a pu accéder à des discussions antifascistes internes, avant, pendant et après la mobilisation, de quoi démontrer une nouvelle fois les intentions violentes de l’extrême gauche contre un cortège qui, quoi qu’on en pense, demeure légal et pacifique. Enfin, ces discussions éclairent également sur la division des antifas.
L’ORGANISATION DES ANTIFAS AVANT LA MANIFESTATION
Cette année, l’idée de l’extrême gauche était de s’opposer physiquement à l’hommage du C9M, dont l’affluence grandit de façon exponentielle chaque année. Pour assurer une présence antifasciste massive, un appel national a été relayé dès le mois de mars au sein des différents groupes antifas de province et notamment aux « assemblées générales antifascistes » qui tendent à se multiplier un peu partout. C’est ainsi que l’appel de l’« AG AFA Paris 20 » est par exemple diffusé durant une assemblée antifasciste à Rennes 2, où il était question d’une « manifestation offensive » qui irait à rebours du « village antifasciste », considéré comme trop mou. Pour la mouvance autonome rennaise, l’inquiétude ne se situait pas au niveau du « nombre des fafs qui n’est pas si important » mais la vraie énigme de leur mobilisation résidait dans « le nombre de policiers et le dispositif ». Initialement, les antifas cherchaient donc à se défaire d’un éventuel dispositif policier conséquent afin d’attaquer les quelques centaines de « fascistes ». L’antifa qui prend la parole conçoit une manifestation de plusieurs milliers d’antifascistes. Or, la réalité fut tout autre.
Les antifas assument dès le départ de se mobiliser pour se battre contre les « fascistes ». Par la suite, malgré des dizaines de groupuscules informels ayant signé l’appel à la mobilisation, l’organisation est restée très parisienne, avec des assemblées générales organisées à Paris et des organisateurs parisiens, ce qui se conçoit aisément étant donné que la contre-manifestation antifasciste nécessite une connaissance affinée de la géographie parisienne, du rapport de force local entre les antifas et l’extrême droite mais aussi des agissements de la police et notamment de la BRAV-M.
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L’organisation des antifas passe par la messagerie cryptée Signal. Une conversation générale regroupe tous les volontaires et très vite les rôles ont été attribués. La constitution d’un service d’ordre confirme la volonté des antifas de mener une « manifestation offensive » afin d’attaquer physiquement le cortège du C9M. Des cours de boxe sont organisés, de même que des entraînements spécifiques pour le service d’ordre. Durant les entraînements, les opposants au C9M apprennent notamment à se déplacer en groupe, à rester groupés en dépit d’éventuelles charges de police, le tout en protégeant la première ligne grâce à une banderole renforcée.
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Plusieurs antifas avaient même pour rôle d’aller au plus près du cortège nationaliste afin de repérer des éléments à poursuivre et à agresser physiquement à l’issue du rassemblement.
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Officiellement, les antifas appelaient à se réunir à Port-Royal à 14 heures. Se faisant, ils comptaient occuper le lieu de rendez-vous des nationalistes, qui eux avaient prévu d’arriver à 15 heures. Or, de façon peu surprenante, l’interdiction de la contre-manifestation antifasciste a été confirmée par le tribunal administratif, tandis que le C9M a finalement été autorisé. À partir de là, le doute gagne les antifas. L’un d’eux se met à étudier les failles de leur stratégie et se rend compte que les militants d’extrême droite peuvent contre-attaquer sur une très large portion de l’itinéraire de l’hommage. De plus, il n’est plus question d’une manifestation sauvage qui ferait fi des nationalistes et de la police.
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Un autre antifa se rend compte, de son côté, que le service d’ordre est amené à se battre, ce qu’il ne sait pas faire.
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Pour éviter que le serpent ne se morde la queue, le port d’un casque de vélo ou de moto est exigé afin de préserver la bonne santé des antifas.
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Face à l’interdiction de la manifestation à Port-Royal, les antifas se donnent pour rendez-vous la place du 18 Juin 1940 à Montparnasse, à 14 heures également. La manifestation reste illégale mais les risques diminuent : les policiers seront moins nombreux et les militants d’extrême droite ne seront pas dans la zone.
DURANT LA MANIFESTATION : LES SEULES VIOLENCES SONT ANTIFASCISTES
Durant l’hommage du C9M, les seules violences à déplorer proviennent de l’extrême gauche. Les antifas, qui n’ont pas pu se rassembler à Port-Royal afin d’empêcher l’hommage, ont décidé de se réunir à Montparnasse. Ils n’étaient pas cinq-cents comme ils ont pu le revendiquer (et cinq-cents, c’est peu pour une mobilisation antifasciste nationale), mais ils étaient effectivement quelques dizaines disséminés non-loin de Montparnasse. Certains ont ainsi eu la bonne idée de se munir de mortiers d’artifice qu’ils ont utilisé en se plaçant sur le toit d’un bâtiment afin de se prémunir de la réaction de la police et du service d’ordre du C9M. Or, les mortiers n'étaient pas assez puissants pour atteindre les nationalistes qui défilaient à plusieurs dizaines de mètres par rapport à l’endroit où se trouvaient les antifas armés, qui ont tout de même persisté à tirer droit devant eux sans se soucier du père de famille qui passait à ce moment à vélo avec son fils. Ces tirs, qui auraient pu atteindre les participants à l’hommage et créer un mouvement de foule dévastateur, ont bien failli grièvement blesser un enfant étranger à la manifestation.
Malgré tout, les antifas ont montré leur réjouissance pour cette attaque qui aurait pu blesser des passants :
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Vraisemblablement, les antifas étaient divisés et aucun cortège solide ne s’est constitué. Certains étaient réfugiés dans des cafés et attendaient patiemment que la police arrive à leur hauteur avant d’insulter leurs adversaires politiques, d’autres se sont amassés dans de petites rues adjacentes afin de croiser le cortège et le couvrir d’injures. Enfin, quelques individus suivaient le cortège à la botte et n’hésitaient pas à menacer les nationalistes, toujours en le faisant à côté des forces de l’ordre. L’un d’eux, habillé d’un t-shirt « Antifascista », proposait des « 1 vs. 1 ». Globalement, les antifas n’ont rien fait de plus que proférer des insultes et scander des slogans antifascistes. Les nationalistes, eux, restaient impassibles et ne pouvaient réagir sous peine de donner de solides raisons au tribunal administratif d’interdire l’hommage l’année prochaine. Ironiquement, il convient d’avouer que la police protégeait bel et bien les antifas et non les nationalistes, d’où la témérité soudainement gagnée par une partie des Parisiens qui buvaient un café ou visitaient des boutiques de luxe : ils n’ont pas hésité à s’en prendre à des « fascistes » réputés ultra-violents et en surnombre.
Pour prouver que les violences émanaient bien de l’extrême gauche, il suffit de consulter les arrestations : treize antifas ont été interpellés, tandis qu’aucun nationaliste n’a été embarqué. Les factieux arrêtés étaient détenus dans des commissariats des Ve, XI et XVe arrondissements et certains seront jugés ultérieurement.
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Plus encore, des journalistes d’extrême gauche, se revendiquant ouvertement antifas, à l’instar de Daphné Deschamps, pigiste chez StreetPress spécialisée dans l’étude des mouvements d’extrême droite, ont pu déambuler à côté du cortège du C9M sans subir la moindre violence, ni physique ni verbale. Le militant identitaire Jean-Eudes Gannat l’a fait remarquer à la concernée :
En revanche, il n’est pas inutile de rappeler que la situation inverse n’existe pas. Des journalistes étiquetés de « droite » comme Vincent Lapierre ou Jordan Florentin ne peuvent se rendre dans une manifestation d’extrême gauche sans être menacés, pourchassés voire frappés.
La sérénité de Daphné Deschamps devant le cortège du C9M ne pourra jamais exister pour un journaliste de droite devant une manifestation d’extrême gauche, car la violence politique est revendiquée par les antifas qui en usent sans modération et surtout, bien souvent sans répercussion.
Parce qu’il n’y a pas eu de violence d’extrême droite, les antifas et les journalistes ont focalisé leurs critiques sur les cagoules des nationalistes. Cependant, ils ne critiquent jamais l’art de la dissimulation qu’incarne la technique du black bloc. Au contraire, ils ne cessent d’en faire l’éloge sous couvert d’ « autodéfense ». Ainsi, aucun de ces journalistes n’a réagi à l’agression de deux étudiants affiliés au Rassemblement national qui a eu lieu devant la faculté de droit de Rennes à la fin du mois de février. Les images démontrent pourtant que les antifas, vêtus de noir de la tête aux pieds et cachés par bien plus qu’un cache-nez, ont prémédité leurs méfaits et ont mis en place une méthode pour anonymiser les agresseurs afin de les mettre hors de danger, utilisant parapluies et affaires de rechange.
La violence des contre-manifestants ne s’est pas arrêtée à la rue. Après le C9M, les antifascistes ont démarré une véritable cabale sur les réseaux sociaux, dans le but d’identifier le moindre participant au Comité du 9 mai. Un photographe antifa allemand s’est amusé à photographier le défilé en large et en travers et a ensuite publié tous les clichés, lesquels ont été partagés par plusieurs journalistes d’extrême gauche, dont Ricardo Parreira ou encore Camille Stineau, journaliste à Blast qui depuis a supprimé son tweet. En partageant le lien donnant accès à toutes ces photos, ils appelaient implicitement à identifier les militants et à les détruire socialement voire physiquement, tout cela parce qu’ils ont eu le tort de participer à une manifestation légale et pacifique. En partageant des portraits à leurs abonnés antifas, ces journalistes ne pouvaient pas être motivés par de nobles intentions.
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L’ÉCHEC DE LA MOBILISATION ANTIFA MALGRÉ TOUT
En dépit de sa mobilisation, l’extrême gauche n’a en réalité pas réussi à perturber significativement le cortège du C9M. En effet, l’AG antifasciste de Rennes espérait rassembler plusieurs milliers d’antifas, or l’organisation a finalement revendiqué cinq-cents manifestants présents, ce qui constitue une estimation bien éloignée de la réalité par ailleurs. C’est un véritable échec pour l’antifascisme qui, en plus d’avoir perdu sur le terrain juridique (manifestation interdite et C9M autorisé), n’a pas pu agir dans la rue (cortège nationaliste peu dérangé, treize arrestations côté antifa) en formant une contre-manifestation digne de ce nom. Enfin, même si leur objectif n’est pas atteint, la finalité de leur action les relègue comme promoteur et seuls acteurs de la violence politique cette journée-là, du fait que les antifas assument avoir attaqué au mortier et insulté les « fascistes » qu’ils considèrent comme ultra-violents, tandis que ceux-ci n’ont pas bougé le petit doigt ni même répondu verbalement aux quolibets.
La faible présence antifasciste semble également s’expliquer par deux autres facteurs, à savoir la division des antifas sur la stratégie à adopter ainsi que par le stress voire la peur d’une grande partie des contre-manifestants. La veille, certains confiaient sur la conversation Signal qu’ils se sentaient mal, au point où certains ont proposé d’organiser une thérapie autour d’un verre afin que la nuit à venir soit meilleure.
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DERRIÈRE L’ÉCHEC, LA DIVISION DES ANTIFAS
Une des principales raisons de l’échec cuisant des opposants dans leur « manifestation offensive » provient de la division des antifas sur la stratégie à adopter contre le C9M. La mobilisation contre le C9M fut l’initiative de la mouvance autonome, à savoir des militants d’extrême gauche qui ne sont encartés dans aucune organisation et qui baignent tantôt dans l’antifascisme tantôt dans l’anarchisme, bien souvent sans jamais agir avec des partis ou des syndicats.
D’un autre côté, les partis et les syndicats n’ont pas appelé à participer à la « manifestation offensive » contre le C9M, préférant opter pour l’organisation d’un « village antifasciste » au Panthéon, comme l’année dernière. L’Action antifasciste Paris-Banlieue (AFA PB), la principale organisation antifa en région parisienne, s’est rallié au « village antifa » tout en délaissant la mouvance autonome, estimant que cette stratégie ne pourrait pas fonctionner (et ils ont eu raison).
Pris d’amertume, les représentants de la mouvance autonome n’ont pas caché leur haine de l’AFA PB à l’issue de leur mobilisation ratée. Certains pointent leur lâcheté, d’autres leur misogynie.
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L’AFA PB est l’organisation la plus critiquée, à la fois considérée comme lâche, masculiniste et misogyne :
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La division s’est même propagée sur le réseau social X, où certains s’opposaient frontalement à l’idée d’une « manifestation offensive », laquelle ne pouvait que mal tourner du fait d’une préparation insuffisante. Nonobstant, les antifas autonomes qui ont opté pour la « manifestation offensive » dénigrent le « village antifa », accusé de ne faire office que d’un antifascisme de « façade ».
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Cette division surprenante, entre d’un côté les partis, les syndicats mais aussi les structures antifascistes aguerries et d’un autre côté la mouvance autonome, semble s’être creusée après l’échec de la « manifestation offensive », car la mouvance autonome est accusée d’avoir ridiculisé l’antifascisme, tandis que les structures présentes au « village antifa » sont accusées de désertion. Un certain amateurisme dans la préparation de la mobilisation est indéniable, à l’image de ce militant qui a rajouté sa sœur dans le service d’ordre :
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Les antifas adoptent souvent une attitude paranoïaque, ils font très attention à ce qu’ils disent, à qui ils le disent et surtout, ils anticipent une potentielle garde à vue : ils ne veulent donner aucune information à la police par le biais de leur téléphone. Ils se targuent souvent d’une posture techno-critique et de réflexes groupusculaires censés éviter toute infiltration. Pourtant, L’Observatoire a pu s’introduire aisément sur une de leur conversation Signal. Ils semblaient toutefois conscients des potentielles failles de leurs conversations et de leurs assemblées générales, donc ils savaient qu’ils ne devaient pas être trop vindicatifs et ne pas trop en dire en termes de violences dans ces lieux de discussion.
Cela n’empêche pas les participants de la « manifestation offensive » de tirer un bilan plutôt positif de leur mobilisation, qu’ils considèrent en tout cas comme meilleur que le « village antifa ».
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Enfin, s’il existe une division stratégique entre les antifas quant à la stratégie à adopter contre le C9M, les rapports entre les deux approches ne sont pas inexistants. Pour preuve, au moins deux députés, dont la socialiste Céline Hervieu qui quelques jours après la manifestation a passé deux minutes à parler du « Collectif du 9 mai » (sic.) à Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale tout en affirmant que « la France est antifasciste », ont dialogué et apporté leur soutien à la « manifestation offensive » initiée par la mouvance autonome. Ainsi, à l’extrême gauche, des députés et des élus locaux apportent leur soutien à des militants qui ont pour objectif d’attaquer un hommage d’extrême droite.
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La mobilisation d’extrême gauche contre le C9M s’est révélée relativement faible finalement : beaucoup d’agitations, d’appels à la mobilisation, de vœux de violence, mais finalement pas d’attaque de cortège, pas de formation en black bloc, seulement quelques distractions tout au plus. Paradoxalement, durant cet événement d’extrême droite, les seules violences ont émané de l’extrême gauche. Définitivement, la violence politique est l’apanage presque exclusif de l’extrême gauche. Quand est-ce que les médias daigneront l’avouer ?