
Sept militants d’extrême gauche relaxés après des dégradations contre les locaux de Thalès à Gennevilliers
Le 8 juillet 2025, le tribunal judiciaire de Nanterre a prononcé la relaxe de sept militants d’extrême gauche poursuivis pour des dégradations commises le 1er février 2024 devant le site de Thales à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Cette action, revendiquée par le collectif Palestine Action France, visait à dénoncer la collaboration de l’entreprise avec l’armée israélienne. Les prévenus étaient accusés de « dégradation légère d’un bien par inscription, signe ou dessin en réunion ».
Le 1er février 2024, vers 5 heures du matin, sept militants – Tarek I., Corinne L., Romane M., C.R., Clara S., Manel E. et Nordine Z. – se sont rendus devant le siège de Thales à Gennevilliers. Is ont tagué les murs extérieurs de l’entreprise avec des inscriptions telles que « Free Palestine », « Thales complice génocide » et « Stop arming Israel PA », à l’aide de peinture rouge. Ils ont également jeté des bouteilles en verre remplies de clous sur la chaussée, en référence aux « bombes qu’Israël lance sur Gaza », selon leur avocat, Me Mohamed Jaite. Ces actes visaient à dénoncer la coopération de Thales, seizième vendeur d’armes mondial, avec Elbit Systems, une entreprise israélienne impliquée dans la production du drone Watchkeeper WK450, utilisé à Gaza.
Thales, détenue à 25 % par l’État français, a porté plainte, réclamant près de 20 000 euros pour préjudice matériel et moral, une somme jugée exorbitante par la défense pour des dégradations qualifiées de « minimes ». Les militants, soutenus par une centaine de personnes lors de l’audience du 27 mai 2025, ont assumé leurs actes, plaidant la légitimité de leur action au regard du conflit à Gaza et de la décision de la Cour internationale de justice du 26 janvier 2024, qui demandait à Israël de prévenir tout acte de génocide.
Lors de l’audience, la défense, représentée par Me Jaite et Me Clara Gandin, a invoqué trois principes juridiques : l’état de nécessité (légitimité de dénoncer un génocide), le principe de fraternité (soutien aux populations en danger) et la liberté d’expression. Les militants ont transformé le procès en une tribune politique, produisant des documents sur le conflit à Gaza et la complicité présumée de Thales. L’avocat général a replacé l’affaire dans son contexte : ce qui importait dans ce procès n’était pas le fond du message mais la forme de l’action, à savoir la dégradation de murs appartenant à une entreprise privée. Ainsi, le ministère public avait requis 500 euros d’amendes par prévenu avec un sursis allant de 100 à 300 euros pour certains d’entre eux.
Le 8 juillet, le tribunal a prononcé la relaxe des sept prévenus, une décision saluée par les soutiens présents. Cette issue contraste avec la répression observée dans d’autres affaires similaires, notamment au Royaume-Uni, où Palestine Action a été classée comme organisation terroriste.
Faut-il en conclure que pour la Palestine ou une cause antifasciste, des militants d’extrême gauche peuvent violer la loi en toute impunité ?