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Mobilisation de l’extrême gauche contre l’A69 : entre deux saisies d’armes et affrontements avec la police, une ambiance bon enfant...
Du 4 au 6 juillet 2025, une mobilisation contre le chantier de l’autoroute A69, reliant Toulouse à Castres, a eu lieu à Maurens-Scopont (Tarn). Baptisée « Turboteuf », cette quatrième grande action des opposants écologistes, organisée malgré une interdiction préfectorale, a donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre et à la saisie de nombreuses armes.
L’A69, un projet de 53 km soutenu par une majorité d’élus locaux pour désenclaver le bassin de Castres et Mazamet, est critiqué par des organisations écologistes, dont Les Soulèvements de la Terre ou encore Extinction Rebellion. Malgré une décision du tribunal administratif de Toulouse en février 2025 déclarant le chantier illégal, la cour d’appel a autorisé sa reprise progressive en mai, ravivant les tensions. Le rassemblement, organisé sur le terrain privé du château de Scopont, était présenté comme « festif » par les organisateurs. Cependant, la préfecture du Tarn, anticipant des troubles en raison des violences lors des mobilisations précédentes (juin et octobre 2023, juin 2024), avait interdit l’événement et déployé 1 500 gendarmes.
Dès le samedi 5 juillet, vers midi, les autorités ont saisi 55 « dispositifs hostiles » pouvant servir d’armes par destination, selon le préfet du Tarn, Laurent Buchaillat. Parmi les objets confisqués, l’AFP a recensé des boules de pétanque, des hachettes, des cocktails incendiaires, des marteaux, des boucliers et une catapulte artisanale. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dénoncé sur X une « sédition et ultraviolence », affirmant que des « dizaines de militants d’ultra-gauche encagoulés », dont une cinquantaine de « fichés S », préparaient des actes violents contre les forces de l’ordre.
Le samedi vers 17h, plusieurs centaines de manifestants, dont une cinquantaine vêtus de noir et masqués, ont quitté le parc du château pour se diriger vers le chantier. Des pierres et des projectiles ont été lancés sur les forces de l’ordre, qui ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes et l’usage d’un canon à eau. Une confrontation de quarante minutes s’est déroulée près de la RN126, où les manifestants avaient érigé des barricades avec des palettes et des branchages, scandant « À bas l’État, les flics et les fachos ». L’intensité des affrontements était moindre comparée à d’autres mobilisations écologistes, comme à Sainte-Soline par exemple.
Trois interpellations ont été effectuées à l’issue des affrontements, mais les trois militants d’extrême gauche ont déjà été libérés sans poursuites, faute d’éléments suffisants.
Le président Emmanuel Macron a exprimé son soutien aux forces de l’ordre, déclarant sur X : « Force doit rester à la loi. » Le député RN Julien Odoul a accusé les écologistes d’« écoterrorisme » et a déposé un article 40 contre la députée écologiste Lisa Belluco, l’accusant d’avoir soutenu des actes de sabotage dans une vidéo récente. En réponse, Sandrine Rousseau, député écologiste, a condamné la violence tout en défendant la désobéissance civile comme une forme légitime de protestation.
L’événement, qui a rassemblé environ 1 000 personnes selon la préfecture, s’est achevé dans le calme le dimanche 6 juillet.