
Calais : des associations humanitaires venant en aide aux clandestins construisent un mur pour éviter les pillages par les clandestins, des militants d’extrême gauche les dénoncent
C’est une petite guerre entre militants d’extrême gauche qui s’est déroulée il y a peu à Calais. En avril, plusieurs associations humanitaires venant en aide aux clandestins ont financé la construction d’un mur de trois mètres de haut autour de leur entrepôt, dans le but d’empêcher les intrusions et les vols de matériel par... des clandestins. Cette initiative a suscité des critiques de militants d’extrême gauche, qui ont tagué le mur pour dénoncer une contradiction avec les principes de solidarité.
À Calais, des associations telles que Refugee Community Kitchen (RCK), L’Auberge des Migrants, Utopia56, Refugee Women’s Center, Project Play et Calais Food Collective ont investi des milliers d’euros pour ériger un mur autour de leur entrepôt. L’objectif est de bloquer l’accès de l’entrepôt aux clandestins qui, selon les associations, viennent se servir directement en matériel tout en contournant les distributions organisées.
L’édification du mur, qui a mobilisé bénévoles et salariés pendant tout le mois d’avril, a réduit les activités d’aide habituelles. Peu après sa construction, des tags sont apparus sur la structure, notamment « People with No Border tattoos building walls » (« des gens avec des tatouages No Border construisent un mur ») et « No (of)fence », un jeu de mots signifiant « pas de barrière » et « pas d’offense ». Ces inscriptions, à l’initiative de militants d’extrême gauche récalcitrants, dénoncent l’ironie d’associations prônant la solidarité et l’idéologie sans-frontière tout en érigeant des obstacles physiques contre ceux qu’ils doivent aider.
La construction du mur a divisé les milieux militants. Les associations impliquées justifient leur choix par la nécessité de protéger leur matériel pour garantir une aide organisée. En revanche, les critiques estiment que cette barrière symbolise un abandon des principes « No Border » et renforce la stigmatisation des clandestins.
L’incident met en lumière les défis auxquels sont confrontées les associations humanitaires à Calais, entre contraintes logistiques et idéaux de solidarité. Les tags, bien que symboliques, reflètent une fracture au sein des mouvements de soutien aux clandestins, entre ceux qui font face à la réalité et ceux qui baignent dans leur idéal.
Enfin, dans l’article de Paris-luttes.info, les militants d’extrême gauche opposé à ce mur protecteur ont laissé miroiter la possibilité de détruire l’édifice, notamment en utilisant une disqueuse.