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Rixe entre ultras antifascistes au sein du Virage Sud de l'Olympique de Marseille

Les deux groupes antifas historiques parmi les ultras marseillais règlent leur compte en tribune, les motifs sont à l'heure actuelle inconnus.

16/1/2025
Tifo commun des deux groupes rivaux pour réaffirmer l'identité antifa du club.

Le match Marseille-Lille du mardi 14 janvier aura donné lieu à une scène assez inhabituelle : les deux groupes d'ultras les plus connus du club, le Commando Ultra (CU) et les South Winners se sont battus en pleine tribune, dans le virage sud du Vélodrome. Une bagarre assez violente, impliquant de chaque côté plusieurs dizaines de protagonistes pour certains armés de bâtons... Une rixe qui interroge, alors que les deux groupes qu'elle oppose sont connus comme des incontournables des supporters de l'OM, et surtout pour être notoirement à l'extrême gauche de l'échiquier politique. En effet, le Commando Ultra a ses racines bien ancrées dans la mouvance SHARP, la première génération de skins antiracistes, et on retrouve sans surprise ses membres dans les concerts du groupe de Oï historique Kommintern Sect. La rumeur prête même une ancienne appartenance du rappeur Akhenaton (membre du groupe IAM) au Commando Ultra ! Un milieu de gauche antifasciste donc, mais plutôt blanche et old-school.

À l'inverse, les Winners, groupe plus jeune mais tout aussi emblématique, s'ancrent dans une culture beaucoup plus banlieusarde et cosmopolite, et sont connus pour leurs violences, tant dans les affrontements contre des mouvements d'extrême-droite que dans les matchs à domicile contre des clubs venus de toute l'Europe où les ultras marseillais n'hésitent pas à jouer de la matraque et du couteau. Bien qu'ils revendiquent également un héritage skinhead (après tout la couleur du groupe est le orange, en référence au bombers retourné des redskins, en témoigne une chanson culte du groupe), les Winners adoptent beaucoup plus de codes de la culture casual et antifa moderne. Bras armé de la mouvance antifa locale, on doit notamment à des jeunes affiliés au groupe de nombreuses attaques contre les locaux de l'Action française à l'époque où celle-ci avait tenté de s'implanter dans La Plaine, quartier tenu par l'extrême-gauche marseillaise. Mehdi Baggour, alias Mehdi Acab, l'un des leaders de la jeunesse Winners et cousin du capo du groupe, est également connu pour apparaître en photo à une manifestation d'hommage à Clément Méric et avoir participé aux mobilisations contre l'installation du Bastion Social, un mouvement nationaliste dissous en 2019. Et on ne présente plus Rachid Zeroual, leader à la réputation sulfureuse du groupe, qui cumule les peines de prison pour violence (3 mois de prison en 2003, un an de prison en 2012 et 9 mois de prison en 2021 !) et se débat avec une réputation de meneur de bande aux pratiques mafieuses, qu'il nie catégoriquement.

Alors, tensions ethniques, querelle de petits chefs, rivalité de territoire ou affaire d'argent ? Les motifs exacts de cet affrontement ne sont pas encore connus, bien qu'il puisse très bien s'agir de tout cela à la fois. On notera toutefois que, bien qu'il ne fut membre ni du CU ni des Winners, le très médiatique Raphaël Arnault, porte-parole des antifas de la Jeune Garde et député France insoumise, est lui aussi issu du milieu ultra marseillais, à savoir le groupe Marseille Trop Puissant (MTP) du Virage Nord. Ou encore Hamma Alousseini, alias Luc Bawa, ce cadre de la Jeune Garde Lyon suspecté d'apologie du terrorisme qui était capo des Yankees, autre groupe du Virage Nord dans une autre vie, et animait une bande d'antifas sous le nom des Squales Marseille...

Un milieu de supporters, donc, marqué par la violence et l'engagement politique à gauche.

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